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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE Voici, d'après un témoin, le seigneur d'Avully, (r) la marche de la conférence. << J'ai eu l'honneur, dit-il, d'assister toujours, dès la naissance, et progrès de cette Conférence, en toutes les :assemblées, pres ledict Père, qui souventefois me remettoit les livres en main, et me communiquoit plusieurs points. Et partant je vous en parlerai asseurement... J'estime les motifs de cette dispute estre tels. Le P. Chérubin, qui a presché aux Advents et Caresme en cette ville de Thonon, poussé d'une sai::tte affection et zele de la foy catholique, sou– ventes fois alleguant les passages des saintes Ecritures, et sacrés ,conciles, et docteurs de l'Église de Dieu, adressait sa parole aux Ministres, disant : Que sauriez-vous dire à cela .? Vous n'.avez pas moyen d'escl:.apper à ces authorités. Je vous défie de pouvoir molistrer le contraire. Pour ce, recognoissez vos erreurs. Outre plus, il mettoit pas écrit et placardait ce qu'il avait dit de vive voix. Dont il advint qu'à la fin des Advents on invita le dict Père d'aller à la Maison de Ville pour se joindre avec le Ministre». Sans retard, le P. Chérubin se rend à l'hôtel de ville. Là, en pré– sence cc d'une très grande assemblée », Viret, le ministre protes– tant de Thonon, prit le premier la parole et déclara qu'il discu– terait avec le Capucin à la condition qu'on ne lui apporterait aucun texte «des docteurs de l'Église... qu'il n'avait oncques leu en sa vie plus de quatre feuillets des escrits des dits docteurs, ains seulement les Espitres de saint Augustin. Qu'il disputerait par la seule Bible>> (2). Fort bien, répjqua le Père, mais la Bible entendue dans son vrai sens; car elle est un livre grave, profond, contenant autant .de mystères que de mots: livre scellé de sept sceaux qui, pour être compris, a besoin d'être ouvert à notre intelligence par des Commentaires, d~s explications« selon la tradîtion apostolique», tradition dont sont témoins les Pères de l'Église. «Le ministre alors respondit qu'il n'estoit point versé en la lecture de ces Pères, et qu'il ferait venir un de ses compagnons». cc N'avez-vous pas honte, lui respliqua le P. Chérubin, de vous mesler d'enseigner ce peuple en une ville honorable comme . (1) Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, était un personnage des plus importants du Chablais. Il a,vait été lorigtemps a la tête du protestantisme à Thoaon. Son âme, droite et loyale, fut ébranlée en enteadant un sermon .de François de Sales sur la présence réelle de J. C. dans l'Eucharistie; et, après plu– sieurs entretiens ave•~ le Saint, il abjura l'hérésie à Thonon d'abord, et ensuite solennellement a Turin (1596). (2) Lettre du Sdgneur d'Avully à M. de Charanson, Lyon, 1598. 3

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