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LE P. CHtiWBIN DE MAURIENNE 31 résolut de ne compter que sur lui-même pour se rendre unique maître de la cloche. François était alors absent de Thonon. Un jour, vers la Noël 1597, il se rend à l'église avec le P. Esprit et deux laïques, en ferme les portes, monte avec ses compagnons au clocher, puis, ayant tiré à lui les cordes et les échelles, il attend que les protestants se présentent pour sonner leur office. Ils viennent en effet, à l'heure accoutumée, et trouvant les portes de l'église fermée, ils les enfoncent, vont droit au clocher, et restent tout surpris de ne trouver ni cordes pour sonner, ni échelles pour monter. Alors se montre le P. Chérubin, qui du haut du clocher, leur déclare qu'il a en main un ordre du duc de Savoie en vertu duquel les cloches ne serviront désormais qu'aux catho– liques, ordre très juste, ajoute-t-il, puisqu'il ne convient pas que le même instrument annonce la prédication de la vérité et la diffusion de l'erreur. Les hérétiques furieux de cette déclaration inattendue, s'attroupent et courent aux armes. Quelques--uns tirent des coups de fusil sur le P. Chérubin et sur son compagnon, sans pouvoir les atteindre, tandis que d'autres appliquent des échelles pour monter à l'assaut ; mais elles sont renversées par l'intrépide capucin et ses trois amis. De plus en plus exaspérés par la résistence qu'on leur oppose, ils parlaient de saper et de renverser le clocher, lorsqu'arriva M. de Vallon, gentilhomme protestant, qui avait une grande autorité sur ses coreligionnaires, et qui parvint à les calmer par son langage modéré. Il appela à haute voix le P. Chérubin, en le priant de descendre du clocher: celui-ci, au lieu d'.accéder à l'invitation qui lui était faite, se mon– tra par une fenêtre, et, avançant la main, il produisit les ordres du duc en déclarant qu'il en presserait et en soutiendrait l'exé– cution, s'il le fallait, au péril de sa vie. cc Et Dieu lui donna tant de force pour défendre son droit, que les hérétiques abandonnèrent l'église et les cloches aux catholiques)). François, bien que retenu à Annecy, suivait les événements et ne manqua pas d'appuyer les revendications du P. Chérubin. Il écrivit, 1598, à cette fin, au baron de Cusy, très influent à la cour, pour le prier d'obtenir que l'usage de la cloche de l'église Saint--Hippolyte soit interdit aux hérétiques : cc On avait défendu aux huguenots de Thonon de sonner la cloche qui est en l'église des catholiques. Ils sont sur le point de demander à son Altesse qu'il leur soit permis de s'en servir autant qu'à nous, et sont si outrecuydés (arrogants) qu'ils pensent de l'obtenir. Certes, ils ont gasté desja une autre plus grosse cloche, en haine de nous

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