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LE P. CHERUBIN DE MAURIENNE douceur. Si le genre du P. Chérubin avait quelque chose de brus– que, celui du jeune missionnaire tenait des manières élégantes du gentilhomme. La mâle énergie de l'un pouvait bien faire con– traste avec les formes élégantes de l'autre, cependant une par– faite intimité régnait entre eux. J'en trouve la trace dans l'envoi d'un objet bien simple, d'une petite image de l'enfant Jésus sommeillant dans son berceau. Ce pieux souvenir réjouit le cœur de François de Sales, et il en écrit à son autre ami intime, le président Favre: « Je ne veux pas, lui dit-il, vous laisser ignorer le concours amical du P. Chérubin. Il m'a envoyé une image de l'Enfant Jésus qui dort et la Sainte Vierge, sa mère, qui l'adore humblement pendant son sommeil. N'ayant ici, pour ainsi dire, aucun autre objet pour récréer ma vue, je me plais à retourner dans mes mains ce pieux cadeau d'un ami chéri)). <( L'estime de S. François de Sales pour le P. Chérubin se manifeste dans tous ses rapports, soit au Nonce, soit au Pape. Il le regardait comme un intrépide champion de la vérité ; il était pour lui le soldat avancé qui fait feu sur la brèche et se met en avant pour l'atta– que)) (r). Cette diversité de caractères et d'allures, loin d'être nuisible, favorise, au contraire, l'accomplissement des volontés provi– dentielles : tant il est vrai que toutes choses concourent au bien de ceux qui le cherchent. Or, le P. Chérubin est de ceux-là. Missionnaire aux saintes audaces, son âme est attristée de l'entêtement des Thononais; il veut, pour en triompher, essayer d'un suprême effort. A cette fin, il s'adresse à « MM. du Conseil de Ville)) les priant de l'auto– riser .à se présenter devant leur assemblée. Avec autant de respect que de fermeté, il leur dit : « Puisque vous êtes réunis pour les intérêts de la ville, j'ai cru de mon devoir de vous représenter que le point le plus important, le plus essentiel, celui qui mérite avant tout votre attention, c'est la religion. Vous ne pouvez donc mieux faire que de vous en occuper dans votre assemblée. Je vous supplie de faire appeler vos ministres afin que je puisse les convaincre, en votre présence, que la religion de Calvin, en laquelle ils vous retiennent, est fausse et que l'on ne peut se sauver hors de l'Église catholique)) (2). Étonnés, ahuris, les Conseillers ne surent que répondre. La demande resta pour lors sans effet ; mais elle montra combien· (1) FLEURY, Saint François de Sales, etc., pp. 56 et 57. (z) Mis. abr., p. 40.

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