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28: LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE encore presque tous hérétiques. » « La plupart des bourgeois, ajoute un autre historien, (r) non contents de fermer obstiné– ment les yeux à la lumière, s'efforçaient, par mille moyens, d'empêcher les conversions)). Et pourtant, cette étrange opiniâ– treté ne refroidit pas le zèle du Prévôt : il espère contre toute espérance. Toutefois un cri de détresse se fait entendre: cc Je supplie Votre Seigneurie, écrit le Prévôt au nonce, d'employer son autorité afin que cette année (1597) nous ayons ici (à Thonon) en Chablais, le P. Chérubin et le P. Esprit du même Ordre)). (z) Quelques semaines après, il insiste de nouveau : <c Les PP. Capu– cins que, pour le moment, je voudrais voir destinés à cette œuvre (prêcher à Thonon) sont le P. Chérubin et le P. Esprit, l'un et l'autre très doctes, très saints, très humbles ; tous deux prêchent dans ce diocèse)), (3) le P. Chérubin à Annecy et le P. Esprit à La Roche. Les vœux du Prévôt sont maintenant réalisés; il ne pourra plus écrire: « Quant à notre Chablais, je suis un peu arrêté>>: il a à ses côtés le P. Chérubin c< qui, disait-il, vaudra tous les autres ensemble>). (4) <c François faisait un cas particulier du P. Chérubin dont il prisait l'entraînante éloquence fortifiée par un solide savoir, l'éminente piété et le zèle ardent qui ne connais– sait point d'obstacles>) (5). Désormais donc le Prévôt et son collaborateur combattront joyeusement les combats d'Israël. Tous deux, dévorés des mêmes flammes, se dépenseront sans relâche pour un même idéal. Et l'uniformité des vues laissera intacte la physionomie de cha– cun. cc Le P. Chérubin avait de l'audace dans le caractère et un peu de cette âpreté qu'on rencontre dans les habitants des montagnes. Les rochers de la Maurienne avaient ombragé son berceau, et tout en lui se ressentait de cette nature austère, qui contribue si puissamment à tremper fortement une âme. Il était rempli de zèle, néanmoins il savait le contenir dans de justes bornes, et il évitait soigneusement toute parole qui eût pu aigrir les cœurs... D'ailleurs, la Providence en le donnant pour auxiliaire à saint François de Sales, avait admirablement ménagé la force et la (r) HAMON-GONTHIER-LETOURNEAU, Vie de saint François de Sales, vol. I, p. 292. (2) Œuv., t. XI, p. 236. (3) Ibid., t. XI, p. 260. (4) Œuv., t. XI, p. n5. (5) PÉRENNES, Vie de saint Fran9ois de Sales, t. I, p. 303.

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