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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE 25 plus de repos : à tout prix il fallait imposer silence aux Capucins : leur présence à deux pas de Genève était un danger manifeste. Il ne fallait pas oublier (( qu'ils replantaient l'idolâtrie de Rome à leurs portes; que c'étaient des gens qui avaient donné leur langue à louage au Pape ; que le duc de Savoie avait sans doute quelque dessein en tête ; que sous un masque de piété, l'on avait déjà assemblé plus de trente mille hommes près de leurs murailles)) (r). Ces Messieurs de Genève ne s'en tinrent pa:s là; ils punirent de la prison ou de l'exil, les personnes qui avaient assisté aux Quarante Heures. Pour avoir été spectateur de l'abomination qui a été commise à Annemasse, le 2 septembre 1597, Pierre Besson fut condamné à trois jours de prison au pain et à l'eau. Le 4 octobre suivant, trois femmes, convaincues du même crime (( d'avoir assisté aux Quarante Heures)) furent chassées de Genève et le Conseil ordonna de rechercher toutes semblables personnes pour en estre de mesme )). (Fleury, Op. àt., p. 64, passim). Qu'advint-il ? Malgré les plaintes à Berne, les perfides sugges– tions au Gouverneur de Savoie et les menaces de guerre (<enter– mes assez forts JJ, les Genevois n'obtinrent ni le silence de la part des Capucins, ni leur éloignement d'Annemasse: nos mission– naires y restèrent deux fois vainqueurs. Quant au valeureux défi qu'avait porté le P. Chérubin à ceux de Genève, il n'y fut point répondu. On préféra se retrancher derrière des raisons politiques. « En somme, écrivait François de Sales, les ministres redoutent incroyablement cette entreprise JJ. Les buts que le P. Chérubin s'était proposés sur les confins de Genève sont maintenant atteints : nombre d'hérétiques reviennent de leurs erreurs ; les croyants se raffermissent dans leur foi, le catholicisme est triomphant. Le Prévôt de Genève rendant compte au nonce des résultats obtenus à l'occasion de ces imposantes solennités eucharistiques, lui dit : « Cet exercice des Quarante Heures se fit à Annemasse le premier dimanche de Septembre et le jour de la Nativité de Notre-Dame, avec un fruit beaucoup plus grand que celui que nous espérions ; il tient même un peu du miracle. Annemasse est une paroisse de la campagne, à trois milles de Genève, où il n'y a pas moyen de loger quatre personnes. Là, autour de l'église, qui a été endommagée par les huguenots, on construisit avec des (r) Hist. abr., p. 32.

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