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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE 23 la Savoie>>. (r) En eflet, au jour indiqué, on apprit que tous les habitants du pays voulaient assister aux fêtes annoncées : tous les chemins conduisant à Annemasse débordaient de pèlerins, avides de voir et d'entendre. Les Genevois, effrayés de savoir à leurs portes tant de catho– liques, envoyèrent des compagnies de soldats pour couper les chemins sur leur territoire. Plusieurs, à la vue de ces précautions vexatoires, s'inquiétèrent et craignirent que de cette rencontre des soldats huguenots et• les pélerins catholiques, il ne résultât quelques regrettables conflits. On en fit part au Prévôt. Pour dissiper toute frayeur, François donna l'exemple d'un grand courage. Il se mit en tête des pèlerins et partit processionnelle– ment pour Annemasse. Georges Rolland, son fidèle domestique, portait la croix que personne n'avait osé arborer par peur des huguenots. << Ne craignez pas, lui dit en souriant le Prévôt, pour le rassurer ; il ne se montrait guère plus confiant que les autres ; on ne vous fera point de mal qu'on ne m'en fasse, et s'il faut mourir, nous mourrons ensemble>>. Le lendemain dimanche s'ouvrirent les Quarante Heures par la plantation solennelle d'une croix monumentale. A dix heures, malgré « sa petite santé)), Mgr célébra pontificalement la messe; à l'offertoire, le Prévôt de Sales fit entendre « une très fervente prédication)). A l'issue de la messe commencèrent les premières heures d'adoration devant le Saint-Sacrement exposé sur le riche tabernacle qui lui avait été préparé. « Un sermon pathé– tique>> fut prononcé par le P. Chérubin, auquel succédèrent les PP. Esprit de Beaumes et Antoine de Tournon. Tout se passa avec autant de piété que de magnificence. « La lumière, les feux, la musique, les chants des prêtres et Confrères et des salves fré– quentes et réglées des mousquetaires, donnèrent des marques aussi éclatantes qu'édifiantes de la dévotion des assistants et de la joie qu'on éprouvait de voir la croix dressée et élevée en triomphe dans le même lieu où les hérétiques l'avaient abattue avec beaucoup d'insolence, il y avait plus de soixante trois ans >>. (2) L'auteur de la Vie de Claude de Granier, (3) le P. Constantin de Magny, rapporte un fait qui tient du merveilleux, et qui montre bien que Dieu couvrait en cette circonstance, d'une protection visible, les travaux de François et de ses coopérateurs. (1) CHARLES-AUGUSTE, Op. cit., t. I, 188. (z) Hist. abr., p. z8. (3) op. cit., 170.

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