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20 LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE des environs de Genève. On décida que l'affaire serait soumise à l'agrément du duc et que le P. Esprit la lui communiquerait. Charles-Auguste la raconte ainsi: « Le P. Esprit de Baumes fut député pour porter tous ces mémoires à son Altesse, et estoit dés-jâ passé jusques à Anicy... quand l'évêque jugea qu'il seroit peut-estre mieux que le P. Chérubin fist cette légation, parce qu'il estoit grandement cogneu de son altesse et des courtisans, et par conséquent négotieroit mieux toute l'affaire ; de sorte que le P. Chérubin, acceptant cette charge s'en alla en cour. Là il eust une très bonne et très agréable réponse de son Altesse ; et, après s'estre résolu de faire l'oraison de Quarante-Heures au village d'Annemasse pour réveiller les ministres de Genève, comme il avait desjà convenu avec le reverendissime evêque, il avertit par lettre le bienheureux François de toute sa négocia– tion >J... lequel << s'en estoit retourné vers ses Chablaisiens, et composait à Thonon un livre par lequel il monstrait que la mission des ministres estoit fausse, quand, ayant reçu les lettres du P. Chérubin, il commença à penser à l'oraison des Quarante Heures d'Annemasse>>. (r) Ces solennités religieuses, inusitées, étaient la grande pensée du collaborateur de l'apôtre du Chablais ; il y attachait une souveraine importance, tant il en espérait de fruits. Par elles, homme aux larges conceptions, aux entreprises hardies qu'une foi inébranlable croit tout possible, le P. Chérubin veut glorifier le catholicisme et lui ramener nombre d'âmes qu'égarent l'igno– rance et les préjugés. Il faut que la lumière luise. Cependant, avant de les introduire en Savoie, il jugea néces– saire de soiliciter l'approbation des autorités ecclésiastiques supérieures ainsi que celle du Prince, dans la province duquel elles devaient se célébrer pompeusement. Tout lui réussit à sou– hait. « Son Altesse approuva ce dessein et y prit tant de goût, qu'elle offrit tout ce qui dépendait de son autorité et de son pou– voir; elle ordonna à tous ses officiers que l'on n'oubliât rien de tout ce qui pouvait contribuer à la bonté de cette action... car, pour donner plus d'éclat et de poids à cette fête, par la grandeur de l'appareil, elle fit délivrer cinq cents écus d'or pour en soutenir toutes les dépenses nécessaires ; elle envoya de belles et riches (1) Histoire du bienheureux François de Sales, t. I, 187, 188 ; Œuv., t. XI, p. 308 et seq.
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