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r8 LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE le devine s'engagea sur l'interprétation de la Bible. Le P. Chérubin montra qu'elle n'est point facile ; qu'elle n'appartient qu'à l'Église catholique, et ce, en vertu des promesses que lui a faites son divin Fondateur; que de tout temps elle a exercé ce droit, et que vouloir le lui ôter, c'est plus qu'une témérité, mais un sacrilège. - Pourquoi, demanda le Père, préférez-vous à l'au– torité de l'Église et à l'interprétation commune des anciens Pères, l'opinion de Calvin ou la vôtre en particulier ? Ils se regardèrent les uns les autres. Enfin, l'un d'eux, cc doc- teur excellent de la cc carne salata )) (charcutier) s'avisa de répondre: cc C'est parce que nous avons le Saint-Esprit. - Comment le savez-vous ? - Nous le sentons. - Vous le sentez ! et où donc ? JJ Quelque peu embarrassé, le Calviniste porta la main sur sa poitrine, puis, l'abaissant, l'étendit sur son ventre, en disant: cc Par ici JJ. Et le naïf conteur d'ajouter: cc Dieu sçait comme cela fit rire les catholiques. Ceux qui estoyent presents m'en ont ainsi fait le récit et l'ont asseuré. Il cuidait (croyait) volontiers, le bon homme, que puisque l'esprit qui les possède ne leur apprend sinon en despit de caresrne à manger des poids au lard le vendredi, il aurait prins (pris) son siège au ventre JJ. (r) Au vrai, les réponses du docteur de la carne salata ne prouvaient guère qu'il était l'organe du Saint-Esprit! Confus de leur échec, les protestants convoquèrent le P. Chérubin à une autre discussion théologique. Elle eut lieu, près de Genève, en une maison particulière. Un nommé Corajod orfèvre y était escorté de cc rz personnes qui lui amenèrent un jeune homme assez savant dans les langues et qui avait soutenu des thèses publiques dans Genève sur toute la théologie de Cal– vin... Ils conférèrent en présence de plusieurs personnes de l'une et l'autre religion, avec le Père qui les confondit sans peine, les Genevois voyant leur pauvre licencié convaincu, abattu, accablé de honte et chargé de confusion, s'avisèrent, pour se dédommager, de défier le P. Chérubin à une conférence publique avec les ministres dans Genève)). On le prévoit, le P. Chérubin ne manqua pas une si belle occasion: il accepta. cc Les Genevois ayant si souvent dit par cy devans qu'ils voulaient conférer (r) Lettre d'un gentil-homme Savoisien à un gentil-homme Lyorn,ais, 1597.

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