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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE très doctes, très saints, très humbles; tous deux prêchent dans ce diocèse >>. I ntelligenti pauca. Cependant des trois missionnaires exerçant l'apostolat dans les alentours de Genève, le plus marquant est à coup sûr le P. Chérubin de Maurienne. Essayons de retracer les principales phases de sa carrière. L'antique cité épiscopale de SLJean-de-1\faurienne fut son berceau (1566). Il appartenait à la noble famille Fournier; à 17 ans, après s'être dépouillé de ses avoirs paternels, il revêtit la bure franciscaine; son temps de probation achevé à Gênes, (1) il alla étudier les sciences sacrées à Avignon, (2) où il reçut le doctorat en théologie. De retour dans sa province religieuse, il est appliqué au minis– tère de la parole. Il connaît l'hébreu, le grec, le latin, et prêche en français, en italien, en allemand. « Le P. Chréubin était un des fameux prédicateurs de ce temps– là ; il avait occupé toutes les chaires les plus considérables de la Province de Lyon; il avait prêché l'advent et le carême avec applaudissement devant les deux cours souveraines du Sénat et de la Chambre, et avait acquis beaucoup de réputation dans l'exercice de son ministère JJ. A ce propos, S. François de Sales (1594) écrivait à son grand ami Antoine Favre (3): « ... Vos désirs d'assister à mes petites prédications, lesquelles vous devriez pouvoir entendre de la seule oreille spirituelle, puisque je les prononce avec autant d'attention que de force. Vous ferez mieux de ne prêter l'esprit et l'oreille qu'au Franciscain Chérubin. J'apprends qu'il prêche avec une si grande ferveur qu'elle semble réaliser cette parole : Dieu s'élève et prend son vol, porté par les Chérubins>> (4). (1) Les couvents de Lyon et de Savoie n'eurent pas de noviciat avant l'année 1587, soit quatre ans après l'entrée en religion de F. Chérubin. (2) Il était alors admis qu'un jeune homme ne pouvait regarder ses études terminées, s'il n'avait reçu ses grades de docteur dans quelque Université en re– nom. Telle était celle d'Avignon, qu'avait généreusement dotée, en faveur de ses compatriotes, le cardinal de Brogny, d'Annecy-le-Vieux en Savoie. (3) Catholique fervent et jurisconsulte hors de pair, le Parlement de Paris l'a proclamé « le plus grand magistrat du monde» (1557-1624). (Œuv., t. XI, p. 18, not.) « Monsieur notre Président de Genevois, Antoine Favre, l'une des plus riches âmes et des mieux faittes que nostre aage ayt portées, écrivait saint François de Sales, et qui par une rare condition sçait extrêmement bien assortir l'exquise dévotion dont il est animé avec la singulière vigilance qu'il a aux affaires pu– bliques». (Œuv. t. II, p. 29). (4) Œuv., t. XI, p. 52.

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