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12 LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE il lui répondit en pleurant, pressé par les alarmes de sa conscience et par la force de la vérité, que la foi de l'Eglise catholique était la meilleure ». Ladairvoyance dont fit preuve le P. Esprit au sujet du Prévôt de Genève ainsi que sa parfaite entente avec lui montre combien est appréciée sa collaboration. << Nous étant retrouvés ensemble ces jours passés, écrivait François de Sales (Avril 1597), << le P. Chérubin, le P. Esprit et moi... nous avons été d'accord que la conférence sera ... une chose très fructueuse>> (r). Un récent historien (z) ne prise guère le concours. qu'apporte le P. Esprit à l'apôtre du Chablais. « François, dit-il, avait demandé huit prédicateurs ; il en vit venir un seul, à l'époque de la Pente– côte, le P. Esprit, celui qui naguère avait parlé de lui au Pape; et au bout de quelques jours ses supérieurs le rappelèrent vers une autre mission. Il ne semble pas que ce fut une grande perte, car il avait plus de science que de tact : « il estoit allé ouïr le ministre Viret qui prechoit en un temple proche de la ville; et la presche estant achevée, il se hasarda de lui demander la valeur de son dire. Le ministre, à guise d'un chat acculé (incidente omise par l'auteur), se mit lascher plusieurs aigres paroles contre le P. Esprit et cestui-ci parlait aussi hautement >>. La foule des Calvinistes les entoura ; on s'indignait contre le Capucin ; on le traitait de << masque », on commençait à lui jeter des pierres. Heureusement François apparut qui, en quelques mots, rétablit le calme ; l'un des plus exaltés emmena de force Viret tant on craignait que le Prévôt ne l'attaqua en dispute ; et celui-ci dit à son ami de « traicter plus doucement une autre fois >>. Tous ces détails sont-ils historiques ?... On en peut douter, car François de Sales, mieux informé que personne, ne les décrit point ainsi ; lisons-le : << Le bon et docte P. Esprit, Capucin, étant venu ici (à Thonon) ces fêtes de Pentecôte (r0 97) et ayant prêché soit en cette vil1e, soit dans la paroisse des Allinges, est demeuré fort consolé de ce nouveau peuple, et le peuple à son tour, l'a été incroyablement de ses fructueuses prédications... Sur ces entrefaites, un incident est survenu: le Père, voyant les habitants de Thonon suivre si opiniâtrement leur ministre hérétique sans vouloir écouter nos prédications, résolut vendredi passé de démontrer à celui-ci la fausseté de sa doctrine, et cela ( r) Etudes Franciscaines, t. I, an. 1899, p. 209. (z) HENRY-CouANNIER, S. François de Sales et ses Amitiés, p. III,

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