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8 LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE tance déchaîna toute la colère de.s novateurs. Bien que procla~ mant la liberté de conscience, ils empêchaient par de sévères ar– rêts ]es catholiques de suivre leur religion. En voici quelques preuves: << Que personne ne doive aller à la messe ny à aultres cérémo– nies papalles à poyne de dix florins pour une chescune foys. Que personne ne soit ausé porter n'y faire porter baptiser en– fans, sinon jouxte la reformation evangélique et chescun en sa paroisse par le ministre du lieu, à poyne de dix florins oultre la peine comprise ès statuts de nous dicts seigneurs>>. (r) C'en était donc fait du catholicisme à Genève et dans ses environs. Il y était même défendu d'en garder le moindre signe et de le professer de quelque manière que ce fût. « Nul ne soit assez hardi, était-il écrit, pour faire à l'avenir acte d'idolâtrie papistique >> (2). « Ils ont une loy à Genève, qu'on ne peut parler de recevoir la messe, à peine de la vie>>. (Œuvres, t. XXII, p. 321.) Après quelques années fort dures, passées sous le joug bernois, « ce qu'on appelle les quatre baillages de Thonon, Ternier, Gail~ lard et Gay ou Gex, qui confinent à Genève de quatre côtés et s'étendent tout autour de cette ville l>, revinrent en la possession du duc de Savoie, « à la condition expresse toutefois qu'il ne s'y ferait aucun exercice de la religion catholique. Certes, écrit S. François de Sales, la clause était tout à fait inique, mais on s'y résigna dans l'espérance de jours meilleurs; d'ailleurs, les cir– constances des temps et des lieux n'en comportaient pas d'autre. Cependant le duc Emmanuel Philibert, en bon et sincère catho– lique qu'il était, pensait constamment, mais en vain, au moyen d'annuler cet article vexatoire du traité. Ce n'est pas à lui, mais à son fils Charles Emmanuel, que la Divine Providence réservait cette gloire insigne. En effet, il y avait quelques années que les Bernois et les Genevois avaient allié leurs troupes à celles de la France. Brisant alors avec la parole donnée précédemment, ils envahirent de nouveau les quatre bailliages susdits. De leur part, c'était une pure perfidie, mais le croirait-on ? elle nous fut propice et singulièrement profitable, car le Duc, s'autorisant de (r) E:rtraits d'auteurs protestants par M. GoNTHIER, La Mission de S. Fran- çois de Sales en Chablais, p. 5. · (2) Ce qui montre, remarque M. le chanoine Fleury (Hist. de l'Église de Ge- n!ve,: , p. 4) que l'autorité du Pape n'était pas moins grande alors qu'aujour- d'hui dans l'Église, c'est le mot de Papistes sans cesse employé à cette époque . pour désigner les catholiques. On n'était pas catholique sans être avec le Pape, · à Genève comme partout "·

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