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CRITIQUE HISTORIQUE ET COURANT PRO-JANSÉNISTE 191 ciale de Pascal : Le paradis ouvert à Philagie par cent dévotions aisées à pratiquer». Mais il n'écrivait pas dans le même esprit que le maître de la subtile ironie française. Muratori voulait faire avant tout oeuvre sincère de critique, afin d'assurer en tout ce qui se rapporte. à l'Eglise le triomphe de la vérité, non seulement dans son histoire, mais aussi. dans le domaine des croya:a.ces , des moeurs et de la dévotion. Il continue Tilleinont, bien plus, il le dépasse pour l'ampleur, la hardiesse et parfois aussi l'excès de sa critique. · Dans le domaine historique, il s'attaquait sans le moindre ménagement à tout ce qui lui semblait légendaire, inexact ou abusif : déformation du culte, abandon du sanctaire et décora– tion. exagérée des autels secondairès, concurrence mesquine en– tre dévôts de la S. Vierge, exaltation au-dessus du Christ de cer– tains saints comme S; Antoine abbé et S. Antoine de Padoue, pèlerinages à Notre-Dame de Montserrat et. à S. Jacques de Com– postelle, S. Casa de Lorette, Indulgence de la Portioncule et Stigmates de S. François d'Assise, tout ce qui lui apparaissait erroné ou simplement douteux, devait être impitoyablement éliminé. Au sujet de la légitimité et de l'extension du Pouvoir temporel des papes, il faisait aussi bien des réserves ; dans la controverse entre Rome et Modène pour la possession de· Comac– chio, il accumulait les preuves en faveur· de la maison d'Este 15 • · Sa libre critique lui suscita de violents adversaires, comme le jésuite napolitain Pepe ou le palermitain Maurici, qu:• le trai– taient allègrement de janséniste et d'hérétique. Plus d'rm aurait. voulu voir mettre à l'index certains de ses ouvrages, entre autres le De ingeniorum moderatione in religionis negotio (1714) et le Della regolata devozione (1747). Mais Benoît XIV ne voulut jamais qu'on mît un frein au franc-parler scientifique de Mura– tori, pas même dans la question du Pouvoir temporel des papes, bien qu'il lui eût fait savoir que tout autre que lui aurait été blâmé par la congrégation romaine compétente 16 • (secolo XVIII), pp. 266, 326. Palerme, 1938 ; E. DAMMIG, J. c., pp. 61, 76, 104, 381. Contre le cardinal Quirini, évêque de Brescia, Mura– tori conduisit une violente campagne en faveur de la réduction des jours de fête. 15 G. CACCIATORE, S. Alfonso de' Liguori e il Giansenismo. Le ul– time fortune dermoto giansenistico e la restituzione del pensiertt cattolico nel secolo XVIII (Florence, 1942) pp. 531, 547, 563. 16 G. CACCIATORE, o. c., PP· 561 sv. ; p ASTOR, o. c., t. XVP, p. 148.