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190 FREDEGAND CALLAEY O, F, M, CAP, contraire, il était d'avis qu'il ne fallait jamais condaniner les ouvrages des écrivains de valeur, même s'ils contenaient des affirmations inexactes. A ce propos, il citait les bollandistes, Tillemont, Bossuet et Muratori. Dans une lettre confidentielle au procureur général des augustins, il désapprouvait la prohibi– tion de la Historia Pelagiana du cardinal Noris, faite par le grand inquisiteur d'Espagne 12 • Même vis-à-vis de Quesnel et de ses Réflexions morales, Benoît XIV estimait que Clément XI, avant de prendre une décision aurait dû s'en tenir à la norme: « Audia– tur et altera pars». « C'est une chose pénible, écrivait-il au car– dinal de Tencin, que de condamner même un livre, sans quit l'auteur puisse le défendre, le livre fût-il dénoncé par un prélat très estimable, car cette condamnation marque en quelque sorte au visage et l'auteur et ceux qui l'approuvent; enfin la justice que l'on rend est d'autaht plus applaudie que les deux parties ont été entendues auparavant» 13 • Parmi les savants qui étaient en relation amicale avec lés cercles antijésuites romains pendant la première moitié du XVIIIe siècle, il faut accorder la place d'honneur à Muratori. Benoît XIV l'appelait la « lumière de la science italienne», et il méritait amplement ce titre, ne fût-ce que pour ses Rerum Ita– licarum Scriptores et ses Antiquitates Italicae medii aevi. Toute– fois, du fait qu'il correspondait avec Foggini, Bottari, Passionei, Migliàvacca, Lami et d'autres, il faut se garder de conclure que Muratori éprouvait, soit· une sympathie spéciale pour Jansénius et son école, soit une aversion systématique pour la Compagnie de Jésus. C'eût été chose bien paradoxale de la part de celui qui a célébré avec tant d'entrain l'oeuvre des jésuites dans les Ré– ductions du Paraguay. Au reste, il avait aussi des correspondants jésuites, comme le P. Segneri. C'est par souci d'érudition et par solidarité scientifique qu'il correspondait avec ses amis romains, sûr de leur appui dans sa critique radicale des légendes ; lèpre, baptême et donation de Constantin, peintures de S. Luc, onze mille vierges compagnes · de S. Ursule, révélations de certaines saintes et d'autres per– sonnes pieuses, abus de la dévotion à la S. Vierge et aux saints, « voeu sanguinaire» de défendre l'immaculée Conception jus– qu'à la mort 14 • Muratori connaissait sans doute la IXe Provin- 12 PASTOR, t. XVI1, p. 147. . 13 E. DE HEECKEREN, o. c., t. I (Paris, 1912) p. 281. 14 G. CIGNO, G. A. Serrao e il Giansenismo nell'Italia meridionale

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