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188 FREDEGAND CALLAEY O. F, M. CAP, faveur de la plus grande latitude scientifique, au nom de la re– cherche critique et de l'exposé intégral de la vérité. A ce sujet, du reste, les oratoriens de la « Chiesa Nuova» n'avaient rien à apprendre des jansénistes, puisque bien avant eux Baronius avait écrit dans ses Annales : « L'on rend un service beaucoup plus considérable à la vérité et à l'Eglise, en ensevelissant dans le silence des choses qui ne sont pas tout à fait certaines, que lorsqu'on en avance de fausses, même parmi d'autres qui sont vraies : car il arrive que la moindre fausseté, qu'un lecteur trouve dans une pièce, le fait douter des autres choses les plus vraies, et il ne veut plus s'assurer de rien dès qu'il s'est vu une fois trom– pé par quelque mensonge» 5 • De même Tillemont affirmait qu'on« doit bannir de l'office divin tout ce qui n'a pas une autorité, ou certaine ou au moins assez bien appuyée, pour être lu avec un respect et une piété raisonnables et ne pas donner sujet aux hérétiques de se railler de notre dévotion» 6 • Muratori s'exprimait fermement dans le même sens dans sa lettre à l'oratorien Bianchini (5 novembre 1740) : « Il vaut mieux que la vérité soit dite par nous, plutôt que de devoir l'entendre dire avec dédain par nos adversaires. Et si nous voulons faire passer pour vraie une chose qui ne l'est pas, loin d'y gagner, nous y perdons notre crédit. Je vois l'im– mortel Baronius qui fréquemment parle très franc. Dieu merci, la sainte Eglise n'a pas besoin de mensonges et n'a pas peur de la vérité. Je le dis parce qu'ici on est parfois trop délicat, tout y devient sujet de crainte et de suspicion: défaut ordinaire de certains savantasses (vous en avez aùssi de pareils chez vous), mais non pas des personnes vraiment doctes et intelligentes qui aiment la vérité partout. Loué soit Dieu, qui nous a donné un Pape de cette envergure» 7 • Ce pape était Benoît XIV, récemment élu (7 août 1740). Savant de premier ordre, homme sincère et probe, ennemi des artifices, Benoît XIV ne cessa jamais, pendant son long pontifi- 5 Annales ecclesiastici, ad ann. 307, n. XXXIII, t. III (dans l'éd. de Lucques, 1738 p. 445). Nous lisons encore au t. XVIII, p. 387 de la même éd. ad ann. 1125, n. XII : « Nos vero nec ejusmodi sumus, ut proditione veritatis delinquentem quemlibet Ecclesiae Ro– manae ministrum prodere nolimus ... », Lucques, 1746. 6 TILLEMONT, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, t. V (Paris, 1702) p. 188. 7 Epistolario di L. A. Muratori, éd. CAMPORI, t. IX, 4074; PA– STOR, Storia dei Papi, t. XVI1 (Rome, 1933) p. 146.

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