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CfüTlQ;UE HISTOilIQUE ET COURANT PRO-JANSÉNISTE 187 éditions, à Lucques et à Venise, quand son auteur l'eût remanié sous le titre de Historia ecclesiastica Veteris Novique Testamenti, déclaré exempt de toute censure (1754). Il . est bien vrai que ces écrivains et leurs admirateurs ro– mains, les Fori.tanini, les Bottari, les Lami et les Passionei, avaient en commun autre chose encore que le zèle de la critiqu~ histori– que et l'amour de !'Antiquité chrétienne. Ils avaient aussi des sympathies jansénistes plus ou moins prononcées, qui prnvenaient autant .de leur attachement aux disciplines anciennes que de leur rigorisme en morale. Mabillon et Montfaucon ne cachaient pas leurs préférences et n'étaient célébrés à Rome que par des adversaires du probabilisme. C'est à Rome que Montfaucon publia ses Vindiciae editionis S. Augustini (1699), en réponse aux jésuites qui accusaient l'édition bénédictine du grand Doc– teur d'esprit janséniste. Tillemont était un authentique Mon• sieur de Port-Royal, d'ailleurs fort pieux et fort discret, et Ale– xandre Noël en avait appelé de la bulle Unigenitus au concile oecuménique. Depuis Innocent XI jusque Benoît XIV, les accointances Jansénis);es étaient de bon ton dans plusieurs milieux romains, à l'Archetto chez Mgr Bottari, à l'Oratoire de la« Chiesa Nuova», à !'Ermitage du cardinal Passionei à Fr.ascati. La Rome du XVIIIe siècle vit sous le signe de la plus entière tolérance in– tellectuelle et réclame pour les hommes d'étude, en matière religieuse, une liberté illimitée de recherche et de critiqiie. Le président de Brosses écrivait à l'abbé Cortois de Quincey que la liberté de pensée et parfois aussi de parole,. était en matière de religion aussi grande à Rome qu'en toute autre ville de sa connaissa~ce 3 • Et Passionei aurait dit un jour à Winckelmann: « Si quelqu'un se mettait à prêcher du haut d'une tri– bune érigée en Place d'Espagne que le Pape est I' Antechrist, il n'aurait rien à redouter, tant est général l'esprit de tolérance chrétienne qui règne ici. Nous ne sommes plus au temps de Pie V» 4 • Sans doute, c'était u_ne boutade. Il n'en est pas moins vrai que dans les cercles pro-jansénistes romains le courant était en 3 G. DE, Socrn, Le Président de Brosses et l'Italie, Etude historique littéraire (Rome 1923) pp. 197 sv;., pp. 210 sv. ; Carlo DE BROSSES, Roma del Settecento, éd.· G. BRIGANTE COLONNA (Roma, ,1946) pp. 173 sv. 4 K. J USTI, Winkelmann und seine Zeitgenossen, t. II (Leipzig, 1898) 1 p. 120.

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