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192 FREDEGAND CALLAEY O. F.M. CAP. Enfin, il est une initiative historico-liturgique de capitale importance, à laquelle s'attelèrent avec une ferveur égale, au XVIIIe siècle, les Bottari et les Foggini du cercle romain connu comme pro-janséniste, et les savants de la trempe de Prosper Lambertini et Muratori, les premiers par souci partial de la tra– ditio.n chrétienne primitive , les autres afin de donner à la prière officielle de l'Eglise une hase indiscutable : l'initiative de ré– former le Bréviaire romain. Il n'est que juste de reconnaître que .Bellarmin et Baronius avaient frayé la voie à la critique sacrée, et qu'après eux le théatin Tomasi à Rome, Thomassin, Mabillon et Martène en France, avaient accumulé une abondance de textes et d'informations, à laquelle pouvaient puiser utile– ment tous ceux qui voulaient le retour à l'antique discipline de l'Eglise « in divinis celehrandis officiis ». Dès 1680, Paris avait donné l'exemple d'un Bréviaire revu et corrigé : plus de quarante légendes de saints retranchées, comm,e ma~quant d'autorité, et bien d'autres retouchées, comme celles de saint Denys l'Aréopagite, de sainte Marie-Madeleine et de saint Lazare. Une fois le mouvement donné, on ne s'arrêta plus en si beau chemin et en 1736 paraissait à Paris un nouveau Bréviaire remanié. Ceux qui l'avaient compilé sur mandat de l'archevêque de Paris, sentaient assez bien le roussi: Viguier, oratorien suspect de jansénisme, François Mésenguy et Charles Coffin, tous deux appelants de la bulle Unigenitus. On pouvait les louer. d'avoir accordé la prérogative aux offices du dimanche et du carême, ainsi qu'à la récitation intégrale du psautier dans l'espace d'une semaine. Mais on les blâma pour avoir laissé s'in– filtrer dans le lectionnaire et le responsoral de subtiles réminis– cences jansénistes et gallicanes 17 • Dénoncé au Saint-Office, le Bréviaire parisien échappa à la suppression grâce à l'intervention énergique de l'ambassadeur de France, le duc de Saint-Aignan. A force d'inertie, de la part des autorités ecclésiastiques de Paris, et grâce à la largeur d'esprit de Benoît XIV, il n'y eut ni rétractation ni correction, comme l'avait exigé Clément XII. Mais par ricochet, il y eut autre chose: la congrégation pontificale pour la réforme du Bréviaire romain, dont le précieux dossier nous est resté. Ce fut un des premiers projets de Benoît XIV (1741), et on comprend que la bonne réussite d'une oeuvre aussi nécessaire lui tenait à coeur. Le dé- 17 P. BATIFFOL, Histoire du Bréviaire romain, 3 6 édition (Paris, 1911) pp. 354 sv.

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