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260 D. Gagnan Dans le chapitre qu'il consacre aux dévotions du saint, Celano esquisse ainsi le sens de cette méditation: Il aimait d'un amour indicible la Mère du Christ Jésus, car c'est . elle qui nous a donné pour frère le Seigneur de toute majesté. Il inventait pour elle des louanges (...). Il voulut la choisir comme patrone (le mot latin est ici advocata, soit à la fois protectrice et avocate, ce mot vient du Salve Regina, antienne de la Vierge com– posée au XV• siècle par Hermann Contract) de l'Ordre, et mettre sous ses ailes, pour qu'elle les couve et les protège, jusqu'à la fin, les frères que lui-i:nême un jour devrait quitter 2 • Offrant son Fils au Monde, et seule dépositaire de cette pléni– tude de grâce, la « Mère de toute bonté» 3 , « Mère de Miséricorde» 4, engendre dans le cœur de l'homme la véritable fraternité chrétienne et devient l'avocate de chacun de ses nouveaux fils. Ce choix de Fran– çois ne doit pas se comprendre comme l'adoption d'une dévotion, relative parmi d'autres possibles. Le Poverello reconnaît ici une con– formité essentielle entre la filiation chrétienne et la maternité ma– riale, conformité dont il veut imprégner le franciscanisme. La ma– nière même dont il conçoit son rôle de fondateur témoigne de cette volonté. Voulant réserver à Dieu seul le symbolisme de la paternité non seulement il s'approprie celui de la maternité mais il décrit cette maternité dans la même image qu'il emploie pour signifier la ma– ternité de la Vierge: lui aussi est cette poule qui «couve» ses fils et les «protège» en 1es « mettant sous ses ailes» 5 • Autrement dit, il conçoit son œuvre comme une similitude transitoire. Une des carac– téristiques du franciscanisme consistera donc à manifester la filia– tion mariale des enfants de Dieu. Notons au passage que cette simi– litude de François à la Vierge constitue probablement une structure sousjacente à l'interprétation célanienne de la parabole, lorsque le biographe identifie la femme du désert à François. 2 II C 198 (AF 243, DV 507). 3 IC 21. 4 SAINT BONAVENTURE, Legenda Major, 3, 1. 5 II C 24. L'image se trouvait déjà chez BRUNON DE QuERFURT (disciple de saint Romuald - llème siècle): « ... reste tranquille comme un poussin, content de recevoir la grâce de Dieu: car si sa mère ne lui donne quelque chose, il n'a rien à manger, ni à goûter... » (Vita quinque fratrum, c. 32, cité par J. LECLERCO, La spiritualité au Moyen Age, 2, Aubier, 1961, 144), en collaboration avec F. VANDENBROUCKE, et L. BOUYER (coll. histoire de la Spiritualité Chrétienne, n. 2) Paris, Aubier, 1961, 144.

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