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Le symbole de la femme chez saint François 257 même du Poverello, tel qu'inséré dans les formes médiévales qui lui servirent de terreau, nous avons recherché cette dimension du fran– ciscanisme que constitue le visage féminin en son esquisse originale. Dans les notions de fiancée, d'épouse, et de dame, qu'utilisa le saint pour évoquer son sens de la femme, là où le symbole montre, plus qu'il ne démontre, nous avons tenté de souligner l'importance vitale de cette parabole qu'aucun langage conceptuel ne saurait ni déter– miner, ni remplacer. Dans le prolongement d'une dévotion de plus en plus marquée par le caractère humain de l'incarnation, 1e moyen-âge apprit davantage à méditer le mystère de Marie. Par-delà les multiples gestes extérieurs qui racontaient le rôle de la Vierge dans l'histoire rédemptrice du roi de l'univers, la prière des fidèles chercha dans ses traits le secret de son intimité, cette beauté d'âme qu'y avait façonnée l'œuvre divine. Dans le hiératisme de la pierre, la transparence du vitrail, la délica– tesse du chant liturgique, on demandait à celle en qui le Verbe s'est fait chair le témoignage de cette communion; on quêtait au modelé de sa figure le langage d'une expression purifiée par la familiarité du Dieu fait homme. Vierge mais mère, pauvre fille d'I_sraël mais héri– tière de David, femme mais sans péché, celle qui n'avait été que créature avait épousé dans la plénitude de son fiat l'espace infini de la sagesse divine, configurant les traits de son visage aux formes de la joie du Fils mais aussi à celle de sa souffrance, de sa douceur mais de son absolu, de sa servitude mais de sa royauté. De toute créature elle avait été la première à accueillir la gloire rédemptrice dans son esprit et dans son corps. De la conception du Fils en son sein jusqu'à sa présence au pied de la croix, elle avait embrassé, d'un silence discret mais combien présent et efficace, l'œuvre régénératrice de l'Amour Trinitaire; elle en avait été la demeure; elle l'avait enfanté et épousé tout à la fois. C'est pourquoi elle aussi pouvait partager la royauté cosmique; et, reine du monde, elle avait, inscrit dans sa nature de femme, le pouvoir d'enfanter ses sujets au royaume éternel. Le pouvoir d'enfanter l'homme a toujours fasciné la pensée, sym– bole puissant du dynamisme créateur - en plus d'en être une ma– nifestation effective. En lui se montre dè façon unique l'œuvr-e divine par laquelle le .don de l'Esprit investit la matière et la pèrsonnifie. Bien au-delà de la seule génération humaine, les significations de ce pouvoir ont été perçues dans plusieurs types de naissance ou renais– sance cosmique. Par une connaturalité qui lui est propre, la femme est analoguée aux puissances génératrices de la nature, et, parce Laurentianum - An. XVIII 17
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