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Le symbole de la femme chez saint François 289 Telle est donc le structure tripartite du poème. Puissance du Père: la chasteté, la pauvreté, l'obéissance; ces vertus constituent la triple beauté dont rayonne celui qui est investi de la force de Dieu. Lumière du Fils: c'est l'éclat de vérité, splendeur de ce rayonne– ment et justesse de sa composition. Inhabitation de l'Esprit louée dans la Charité; c'est l'ardeur de l'amour, chaleur même de ce rayonnement. Vécues à la suite du Christ, dans l'imitation de la manière même dont les a vécues le Fils de l'homme, chasteté, pauvreté et obéissance sont les vertus par lesquelles la Puissance divine réforme l'homme pour le libérer dans la Vérité et dans l'Amour. Les vœux de religion soulignent le carac– tère officiel qu'elles revêtent dans la vie du moine. D'aucuns prétendront que nous venons de relire la prière de François avec la division Bonaventurienne en tête. Qu'ils soient ras– surés, notre but n'est pas de montrer que saint François fut disciple de saint Bonaventure, mais qu'il existe une logique qui joint parfai– tement l'interprétation bonaventurienne de la vision à l'expression spirituelle de François lui-même, le lieu de cette logique étant le patrimoine de la spiritualité chrétienne, et spécialement augusti– nienne 73 • Après avoir suggéré de comprendre ainsi les trois pauvresses mystérieuses, le docteur séraphique ajoute que ces vertus resplendis– saient en celui-là « qui avait cependant choisi de placer sa fierté dans la pauvreté». Voilà pourquoi la salutation va des «demoiselles» à François, et sous le vocable de « Dame Pauvreté ». Déjà révélatrice, l'apparence pauvre des demoiselles laissait en– tendre que ces trois vertus étaient envoyées au nom du Christ Pauvre. Autrement dit la chasteté, la pauvreté et l'obéissance (et par elles toutes les vertus qui donnent de vivre l'Evangile) deviennent visibles, vivantes et révélatrices, comme triple expression de la 73 Cette signification trinitaire où nous amène l'interprétation augustinienne de la vision de François pourrait être confirmée par une référence scripturaire qu'une similitude typologique associe assez étroitement à la vision du saint. Il s'agit de la vision d'Abraham sous le Chêne de Mambré (Gn. 18,1-15). Là aussi trois personnages similaires et énigmatiques, trois anges (?), qui sont tout à la fois un et trine, révèlent au saint de l'Ancien Testament une réalité qui le définit: il sera père d'Isaac, père de !'Israël à venir. Or, la tradition chrétienne vit en ces trois «révélateurs», une préfiguration du mystère de la Trinité. (Cf. Bible de Jérusalem, 1956, 24, note a). Laurentianum - An. XVIII 19
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