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Le symbole de la femme chez saint François 279 l'événement. Car vraiment c'est là « quelque chose de merveilleux» 45 , et il ajoute pour souligner la «merveille»: aventure « dont la signi– fication n'est pas très claire». Habituellement si soucieux de logi– que, l'écrivain qui ne manque jamais d'expliquer les gestes ou les mots de son Maîtœ par des comparaisons tirées de l'Ecriture et des Pères de l'Eglise, se borne ici à raconter le fait, à insister sur sa réalité historique, puis à retracer dans la pensée des témoins ce seul commentaire: « au comble de la stupeur, ils (le médecin et les frè– res) comptèrent cette nouvelle av,enture au nombre des merveilles du Seigneur, comprenant bien que ce ne pouvait être des femmes qui s'étaient ainsi envolées, plus rapides que les oiseaux» 46 • Mais Celano n'est pas le biographe quelque peu naïf auquel il arriverait de se contredire et de rapporter des choses sans compren– dre. La logique même de son écriture impose ici le jugement suivant: l'absence d'explication, et même l'affirmation concernant le « pas très clair» de la vision ne constituent certainement pas un constat de non sens, ni même un aveu de non compréhension personnelle. Ajoutons que ce « pas très clair» pour un contemporain de la vision peut très bien n'avoir aucun rapport avec l'incompréhension qu'éprou– ve rhomme moderne devant un tel récit. Trois femmes dont l'unique fonction consiste à annoncer un décret diviin saluent le Poverello dans les termes de « Dame Pouvreté », et disparaissent mystérieuse– ment. Tel quel ce tableau n'a aucun sens véritable pour le contem– porain du xx• siècle. (A la rigueur celui-ci sourit devant Ie «joli» de la situation, puis après s'êtœ qualque peu amusé il passe aux choses sérieuses ,et oublie la « maNère franciscaine»). Au début du XIII° siècle, l'atmosphère culturelle œndait déjà l'image signifiante avant qu'une explication ajoutée vienne servir de commentaire. La litté– rature propre à cette époque témoigne amplement d'une habitude de ce style de récit. Cette habitude, contractée par la référence natu– J1elle de la pensée au langage imagé de l'Ecriture Sainte, tissait des réseaux de compréhension, devenus réfle:XJes culturels; réseaux aptes à cerner les contours d'un récit du genre de cette vision et capables d'en servir de grille d'interprétation. A titre d'exemple men– tionnons simplement 1e récit évangélique de la Visitation. Saint Luc raconte comment Marie, ayant conçu le Seigneur en son s,ein, est 4 5 Mirabile quiddam (lb) nous avons préféré la traduction quelque chose de merveilleux à celle d'aver.ture merveilleuse (DV 424). Les raisons de ce choix apparaîtront clairement dans notre commentaire. 46 Ibidem.

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