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Le symbole de la fe:nme chez saint François 273 est occupée à construire des églises qui témoignent de la vie chré– tienne, il rebâtit des chapelles en ruines, sans faire de commentaires; au Pape Innocent III, qu'il sait puissant exégète, il raconte sa para– bole, structure fondamentale du mythe biblique de régénération, et n'ajoute rien, conscient de l'intelligence et du savoir de celui à qui il parle. Bien d'autœs exemples confirment ce mode d'être du Pove– rello, et on ne voit pas pourquoi il aurait agit différemment ici. « Roi des poètes parce qu'il n'avait pas son égal pour interpréter un madri– gal ou composer des poésies profanes » 3 1, le frère Pacifique avait été poète célèbre puisque « de la gloire que lui valut son talent, je ne retiendrai que son couronnement de la main de !'Empereur» 32 • Or parmi bien d'autres frères présents c'est justement celui-là que choisit François pour lui raconter son songe. Est-il besoin d'expliquer au troubadour converti comment une poétique de la « Dame » peut signifier une expérience mystique? Centrale à toute l'expression lit– téraire de ce jour, la puissance évocatrice de cette image, associée au symbolisme classique des matières précieuses, ne pouvait échap– per à la compréhension de l'ex-poète. De plus, l'ancien troubadour était celui qui pouvait le mieux percevoir le ressort particulier qui animait ici cette forme d'expression. En effet, ce qu'il y avait de nouveau dans la description du saint, ce qui faisait que le frère Pad– fique, vieux praticien de ce type de langage, ne pouvait manquer d'être intéressé par cette évocation, ne résidait pas tellement dans l'image même, mais plutôt dans le fait que c'était François qui l'utili– sait. On savait bien que le saint, par l'austérité et la justesse de sa spiritualité ne pouvait ,employer ces mots tout à fait de la même manière que les poètes du jour. S'il les reprenait à son compte, cela ne pouvait être qu'en les ouvrant sur des significations plus profon– des, plus parfaites; cela signifiait que la noblesse et la beauté qu'ils véhiculaient étaient capables d'exprimer l'expérience de !'Absolu; et donc aussi, dans un certain sens., que les troubadours n'avaient pas eu tort de croire en l'absolu de la beauté... pour un troubadour devenu religieux tout cela ne pouvait être que passionnant! Mais tout le monde n'est pas poète et « beaucoup l'ont inter– prétée à leur fantaisie (cette vision) » 33 • Aussi Pacifique dût-il livrer aux frères une première interprétation capable de les introduire à une 31 Il C 106 (AF 192, DV L35). 32 Ibidem. 33 II C 83 (AF 180, DV 417). Laurentianum - An. XVIII ll!
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