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270 D. Gagnan parce qu'il s'inscrit dans la création pour la rendre apte à servir la Jérusalem finale, l'épouse du règne eschatologique. François n'a pas inventé ce symbolisme de l'épouse pauvreté, il n'a fait qu'en manifester la beauté, la puissance, et la nécessité. Mais pour l'œuvre de oette manifestation, il a déployé tout son art, toute son intelligence et toute la force du don de Dieu en lui. Sa culture lui a fourni le matériau nécessaire à la construction de cette œuvre; au terme du labeur devait jaillir ce souffle de vie spirituelle qui allait alimenter plusieurs siècles de générations chrétiennes et que la tra– dition considère depuis lors comme indissolublement lié à la vie même de l'Eglise. Telle est donc cette femme au désert, pauvre mais belle... La Dame Pauvreté On a beaucoup écrit sur la pauvreté franciscaine. Visage d'amour suscitant les élans mystiques les plus purs, l'épouse fut souvent objet de passions, nobles et moins nobles. Irréductible à une formulation quantitative, qu'il s'agisse d'exposé doctrinal ou législatif, le mystère de son sourire rallumait périodiquement l'ardeur de ses amants les entraînant vers de nouveaux exploits toujours voulus semblables à ceux des origines. Clarétains, récollets, capucins.:. etc., jalonnent l'histoire franciscaine d'élans héroïques conçus comme renouveaux dans la mémoire du passé. Ces tentatives réussirent dans la mesure de leur fidélité à l'époque: fidélité de l'esprit par la prière de tout instant; fidélité de l'âme par l'étude intellectuelle; fidélité du corps par la pratique d'une pauvreté matérielle. Comme archétype de cette triple fidélité: l'exemple de François, sa prière, sa méditation, sa pauvreté. Afin de rechercher l'expression de cette expérience mysti– que du saint, fondement de tout langage franciscain, nous tenterons d'abord de cerner la manière dont il en a lui-même parlé, cherchant à comprendre à partir de son propre témoignage, comment il con– cevait cette épouse et sa relation à elle. La popularité de François au cours des âges s'est complu à entretenir l'image de l'amant de Dame Pauvreté. Le poétisme de l'appellation et son évocation médiévale était apte à représenter celui que l'on nommait encore le « Poverello »: petit pauvre. Suscep– tible de prêter flanc à diverses interprétations selon la manière dont on se représentait l'amour curtois, l'expression avait le mérite d'être originelle puisqu'en maint endroit de ses biographies, Celano utilise