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268 D. Gagnan de cette fiancée, trop réaliste pour se contenter d'une épouse loin– taine qu'il n'aurait pu vraiment reconnaître comme sienne. Sa prière, ses reconstructions d'églises, ses exhortations publiques formulaient son chant d'amour, complainte du troubadour de Dieu au pied d'un balcon encore vide. « Inquiet, passionné, il se mit à battre le terrain, à sillonner la ville, à faire le tour des rues et des places pour trouver celle qu'il aimait (Ct 3,2). Il interrogeait les passants: Avez-vous vu ma bien aimée? (Ct 3,3) 20 • François aurait pu demeurer fiancé, reli– gieux sans caractères précis comme plusieurs moines gyrovagues de l'époque. Vagabond de la spiritualité il aurait parcouru l'espace de la sagesse chrétienne et se serait plus ou moins frotté aux diverses vertus qui la composent. Mais il voulait plus. L'amant ne pouvait risquer devenir amateur. Pour que cette femme soit vraiment signi– fiante, il fallait que son esthétique s'incarne dans un faire coordonné et défini; pour que la fiancée esquissée lors d'un songe passager de– vienne épouse, non plus figure de rêve mais visage présent, quoti– diennement voulu et désiré, il fallait que se précisent les traits de son visage suffisamment pour retenir le regard spirituel de celui qui la contemplait avec ardeur. Vouloir épouser c'est vouloir connaître, vouloir goûter et pratiquer, vouloir devenir semblable. ...un jour qu'on lisait dans cette église l'Evangile de l'envoi des disciples en prédication, le saint, qui était présent, comprit le sens global du passage et s'en fut, après la messe, demander au prêtre de le lui expliquer. Le prêtre lui en fit le commentaire point par point: et quand .saint François entendit que les disciples du Christ ne doivent posséder ni or ni argent ni monnaie, qu'ils ne doivent emporter pour la route ni bourse ni besace ni pain ni bâton, qu'ils ne doivent avoir ni chaussures ni deux tuniques, qu'ils doivent prêcher le royaume de Dieu et la pénitence; transporté aussitôt de joie dans l'Esprit-Saint: « Voilà ce que je veux, s'écria-t-il, voilà ce que je cherche, ce que, du plus profond de mon coeur, je brûle d'accomplir] ». Séance tenante, notre Père saint, débordant de joie, passe à la réalisation du salutaire avis; il ne souffre aucun retard à la mise en pratique de ce qu'il vient d'entendre: il délace ses chaussures, quitte son bâton, ne garde qu'une tunique et remplace par une corde sa ceinture. Il se confectionne ensuite un habit re– produisant la forme de la croix... 21 • zo Sacrum Commercium S. Francisci cum Domina Paupertate, 5, Quaraccbi, 1929, 37, (traduction DV 1400). 21 I C 22 (AF 19, DV 235)
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