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262 D. Gagnan vertus. Reine, dames et saintes y composent la famille des forces sanctifiantes 7 • Toutefois, bien que l'auteur laisse deviner la présence d'une typologie mariale derrière chacune de oes dames, la récapitu– lation de ces puissances régénératrices en Marie n'est pas explicitée formellement comme elle l'est ici. Dans la Salutation à la Vierge; Marie acquiert proprement son droit au titre de Marie Dame du Monde que la Tradition franciscaine primitive a retenu du langage de François 8 • Elle est celle qui dans sa personne même de femme dispose de toutes les puissances constitutives de l'humanité; elle est la fem– me primordiale du mythe régénérateur et nous introduit directement au symbolisme de cette femme que décrit la parabole franciscaine: Il était une fois dans un désert une femme pauvre mais belle. Un roi en fut épris pour sa grande beauté; ils s'épousèrent et elle lui donna des fils très beaux. Quand ils eurent grandi et que leur éducation de chevaliers fut accomplie leur mère dit: « N'ayez pas honte de votre pauvreté, mes chéris, car vous êtes tous fils du grand roi. Allez joyeusement à sa cour et demandez-lui ce dont vous aurez besoin» (...). Ils se présentèrent au roi avec assurance et ne craignirent pas celui dont leur visage reproduisait les traits. Le roi en effet se reconnut en eux (...) 9 • Epouse du grand Roi, cette femme est celle qu'il a choisie pour être mère de son œuvre régénératrice, celle en qui s'opère la renais– sance d'en haut, cette renaissance d'eau et d'Esprit nécessaire pour entrer au Royaume. Son rôle consiste à enfanter des fils semblables à leur père par la beauté, à les élever, à leur apprendre les lois du combat, puis à les envoyer vers leur véritable demeure, la cour du royaume. Elle est cette « genitrix » des fils de Dieu; mère de dieux, soit de héros ou de saints; mère des seuls hommes libres de l'histoire, parce que seuls capables d'accéder à la plénitude du dessein créateur concernant l'humanité. Actrice indispensable au mythe régénérateur, cette femme anime les significations même du mythe, son temps et son espace. Sans elle le désert ne serait que désert, pur rejet diamétralement contra– dictoi:re au royaume, absurde, chaos le plus total vidé de toute signifi– cation. Mais dans ce désert qui est sa demeure, elle enfante; elle fait 7 Salutation des Vertus (VB 236, DV 166). 8 SAINT BONAVENTURE, L.M., 2,8. 9 II C 16 (AF 140, DV 360).

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