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plusieurs fois, forcée et persuadée de mauvais conseilz contre sa bonté naturelle, que cela portait trop de pré:udice au Roy d'Espagne, et que ses affaires ne luy pourroient permettre de faire continuer ce voiage. Ce que voyant le dict sieur et que toutes requestes présentées au conseil, tant des Peres Capucins que du dict sieur, n'estoient pas seulement ouyes, mais plustost rebutées, le dict sieur n'attendant qu'ung juste chastiment et fléau de Dieu sur la France, préveu par ses plus sages et pieuses âmes, se résolut d'en sortir, d'abandonner de rechef sa patrie, et sa famille pour aller en Piedmont à la défence des armes justes de son Altesse chercher plustost une mort honora– ble qu'une vie honteuse et ung si cruel traitement. Auquel lieu apres avoir esté employé honorablement aux plus vigentes occasions et s'y estre porté en homme de bien, comme tant de gens de qualité et d'honneur, qui y ont esté présens, peuvent tesmoigner, s'en revint, la paix estant faicte, de par delà en France pour revoir sa famille désolée et son frere le plus jeune retourné à Maragnan, tandis que le second, Chevalier de Malte, apres avoir esté abandonné à la solicitation qu'il feit au voiage de Poictiers, pour le service de l'Inde, estoit retourné dans Maragnan, croyant trouver son frere et des François et Capucins pour les saulver en son navire, faict tant à ses despens, ceux du dict suppliant et de ses amys, veu que jamais on ne luy avait voulu seulement donner moyen de les aller requérir; au lieu de quoy il trouva les Portugaiz avec les bandieres d'Espagne sur vostre fort S 1 Louis, avec force canonna– des tirées sur luy et force bastimens nouveaux et le plus grand establissement qui se soit faict il y a longtemps, y aiant establiz partout des engins de sucre et descouvert trois mines d'or et beau– coup d' autres richesses que les F rançais avoient recongneues aupa– ravant, à la grande honte de la France et préjudice de l'honneur de vostre Majesté et du bien de ses subjectz ensemble de la fortune du dict sieur de Razilly et de ses freres, qui apres avoir employé leur bien et sept années de peyne, de périlz et de labeurs pour se rendre capables de servir vostre Majesté, au lieu d'estre traictez comme personnes de serviçe ont accoutume de l'estre par tous les autres Royaumes du Monde, pour les encourager tousjours à con– t:nuer à faire de belles et célebres actions, servent aujourd'huy d'ung exemple de pitié et de la désolation du siecle qui a passé durant la minorité de vostre Majesté et du plus ingrat traictement qui ayt jamais esté faict à personne de leur condicion. 208 [126)
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