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388 P. MELCHIOR A POBLADUHA (45) ]oit du Bambinelle J{>sus (ainsy l'appelle ont en Italie), il demeuroit cmnn1e ivre et hors de soy mps1ne, se mettant a rire, saulter et faire aultres signes de grande ioye; de fa1,on que telle dévotion estant cognue au peuple, les femmes luy présentoient leurs pelits enfants avec les– quels il faisoil des gestes puériles, comme avec le bon petit J<:sus, luy semblant qu'il le tenoit entre ses hras. Quelque fois luy en estant present<~s 4 ou 5 a la fois, 011 luy demandoit lequel resembloit mieux au petit Jésus; et le monstrant au doigt disoit: ce Cesluyei, cesluici ». :Et a ceste occasion il baisoit tres volonliers les petits enfarn;;ons qu'on luy monstroit. Et allant par les rues ou aux maisons, les femmes luy disant: ce keluy enfarn;on du petit .Jésus J), luy tout incontinent se mettoit a rire, sanlter et s'enfuir. Et une fois eslant par la montagne d' Alvernit', une dame Marthe de Spolele ( 54), femme fort renommée en dévotion et graces de larmes, et avec aultres personnes, et eslant au lieu eles Zoceo!ane en la dicte n1011tagne, il vit l'image d'un petit enfant qui resplendissoit en mar– hre, ele l'amour cluquel il fut si enflamhé et ravy, qu'estant clevant 1' autd il se leva ele terre et saillit sur iceluy avec grande aclmiration de tous (55). Et en clcscemlant de la montagne aucuns d'iceux alloient devant pourcc qu'il plouniit, affin ele n'e8lre rnouillé. Frere Heignier leur clisoit en rianl: ce Allcz, allez hastivement, car vous serez plus sees que nous ll. F. Heignier done alloit les mains h'Vl;es en l'air et segnant le l<>mps du signe de la croix. Et eecy fut faict [f. 380v] mi– raculeusPment: il plouvoit tout alcntour d'eux, et la pluic ne les touchoit iamais. Et cstant arrivl~ a la maison cmm1wm·erent a se mouc– quer grandcmcnt eles premicrs venus, ele ce qu'ils avoycnt esté sy mouill1;s. II racompta aussy (parlmil ele quelque moy1w) que un cl'iceux avoit en entre scs bras souhs son mantc,au le petit enfant Jésus et ainsy l'avoit porté au chreur la nnict clu No¡;]. Et s'estant enquestés les frert>s du cas comment i1 estoit advenu, il se mit a le racconter ct dict qu'il l'avoit porté soubs son mantean entre ses hras, et en le voulant haiser qu'alors il luy esehappa; clh1otanl que luy mesme es– toit celuy qui avoit iousy de la présence clu petit Jésus en eeste nuict. II estoit ele sy grande sirnplieité et ravy en Dieu qu'il ne se sou– cioi t de tout ce que les freres faisoient alentour de luy. Si les fr<'res murmuroient avec luy, il rnurmuroit aussy; luy racconlant quelque chose tousiours il disoit, oui, si, si. Et lny disant les freres qu'il avoit murmuré, il responcloit: ce Soit, que rn'cn ehault-il 11. Et combien qu'il accordat ce qu'on luy disoit, s'estoit pour sa grande simplicité. Il avoit tousiours l'esprit oceupé en Dieu; il estoiL cn sy grand crédit envers le peuple qu'allant par la ville il avoit tousiours deux freres a ses costés pour empescher la multitude des personnes qui vouloicnt ele son hahit et le tenir pour reliques. II diet une fois a quelque personne: ce le te veux donner de l'hahit de S. I•'rarn-;ois 11. Et ayant coupé un peu ele son hahit, il luy bailla; lequel le mit par (54) Bernardinus a Colpetrazzo (cf. Historia, Liber I: l'raecipui nascentis Ordinis erentus, p. 497-500) biographiam huius piae feminae (t 1591) describit, sed de eonsuetmline cum Raynerio silet. (55) Matthias a Salo in loco parallelo (cf. loe. cit., u. 608) hanc Pueri Jesu ,risionem ignorat.

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