BCCCAP00000000000000000000459

370 P. MELCHIOR A POBLADURA (27) champ ou jardin, ou les freres estoient allez pour disner en présence de beaucoup des séculiers, il dict a :Fcelix qu'il debuoit chanler. Luy tout ohédient et simple commern;¡a, disant: << Jésus, Jésus, j{~sus, qu'un chascun appelle Jésus avec le cceur et la mente, parce que Dieu est clément )). Et par apres dict: e< En veulx tu d'advantage't >i Et lors, il en dict encor une aultre touchant la nativité de Noslre Dame, a si;avoir: << Auiourd'huy est née en ceste terre une rosiere, l\larie Vir– ginelle, mere de Dieu l>. Et, en la nativité de Nostre Seigneur, il disoit: « Auiourd'huy est né ce grand Seigneur, ce grand Impfrateur, et se faict pelit; Jésus, Jésus, nostre Seigneur, enfant est n·tourné et Verbe incarné, au foin se voy nay l>. Et aussi aultres semblahlcs rithmes en italien qu'il disoit. Il recitoit encor quelques entieunes et versets de l'Office divin mesme, cesluy s~avoir: Salvatorem saeculuntm, ipsum regem angelorum, sola Virgo lactabat ul>ere de coelo pleno (13). Et enseignoit aussi aux aul– tres de clire semhlables oraisons. Édifioit le prochain, mesprisoit soy nwsme. L'oraison que disoit 1e plus souvent en sa vieillesse estoit celcy: << Jésus, Jésus, prenez mon cceur et ne me le rendez iamais plus ll. En quoy on voit le grand désir de s'uuir a Dieu. Et quand il tromoit quelques perso1mes trou– hlées, singulicrement il les visitoit entre les autrcs. Et recognoissant quelque petitte maison chargée cl'enfans, moyennant l'obéclience ele son supc;rieur (sans laquclle il ne faisoit chose quelconque), il la secouroit de quelquc petitte [l. 366v] portion ou cl'un peu de pain. Et cela luy estoit pcrmis ii cause ele la grande confianee qu'on avoit en luy, estant aussi celle la volonté de Dieu qui l' inspiroit a son su– pfrieur de luy conccSder, commc depuis il at esté confirmé par mira– cles, en ayant faictes aucunes en semblable act ele charit1\ Et non seulement aux pauvres, mais aussi aux richcs il offroit du pain bénit, clisant: << Voulez vous une mische'? J> Ou qu'aulcuns le prendoient par dévotion, ou aulres le refousoient par respect, et apres en estoient grandement maris lorsque la sainctcté du bon frere fut descouverte. II conversa fort peu entre les freres; il n'avoit avec eux loug discours s'il n'estoit constraint par necessité, évitaut toulle occasion du mal. II emploioit fort bien le temps. En rencontrant quelque frere, il disoit tousiours: e< Deo gratias ll. Estant interrogé, respondoit avec sa simplicité briesvement. Et s'il parloit quelque fois prolixement, s'estoit tousiours de Dieu. Ny entendoit-on iamais de sa bouche mie parolle oyseuse, uy parloit iamais de soy mcsme sinon en mespris. Parlant avec quelque frere estoit souvent des hymnes, enthiennes et versets de l'Office, car il s'en servoit heaucoup a l'oraison et méditation. II monstroit un grand zele au salut des ames. II exhortoit les pré– dicateurs a faire fnveur el reprenoit les curieux. Et ce qui est a ad– mirer en luy est que conversant entre les freres et séeuliers, il a tous– iours si bien s~eu cacher sa sainctelé que iusque apres sa mort elle n'a esté cognue. Personue ne l'a iamais veu impatient. Et ne pouvoit supporter les fri-res eurieux ou affectionés a quelquc [!. 367r] chose. Et aux prédicateurs de parolle seulement il leurs disoit les parolles (13) Rreviarium ifomanum, in festo Circumcisionis Domini, ad malutinum, responsorium VIIC

RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz