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_____ 11. TEMAS EN TORNO A MI PENSAMIENTO CRISTIANO sonnelle, on doit logiquement aboutir a une interpréta– tion personnelle de l'amour. Au contraire, si l'on raisonne a partir de la métaphysique du Souverain Bien, fin de tou– tes choses, d'esprit platonicien, alors l'amour imperson– nel marque toute la thématique de l'amour. Ces observations premieres nous fournissent un sta· tus quaestionis souverainement suggestif. Nous avons déja laissé entrevoir la solution que donne Z. Alszeghy a ce probleme. Mais maintenant, nous nous posons la ques– tion: Cette interprétation de la pensée de Saint Bonaven– ture est'elle vraie? Cette question nous incite a proposer notre propre vision a ce probleme. 11 ne sera pas possible de le faire dans toute la complexité de cette question. Du moins, pouvons-nous souligner certains points fondamen– taux. 11 nous semble possible de synthétiser notre propre pensée en trois points: l. Saint Frarn;:ois et Saint Bonaventure ne different pas dans leur conception et leur expériencie de l'amour. 2. Le passage est facile de l'expérience de l'amour per– sonnel a l'amour impersonnel. 3. Le probleme est en grande partie éclairci, si l'on tient compte de la double source qui a influencé la pen– sée de Saint Bonaventure. Saint Fran9ois et Saint Bonaventure ne différent pas dans leur conception et leur expérience de l'amour Z. Alszeghy, prenant note de ce qu'affirme Saint Bona– venture dans sa Legenda majar, souligne quatre nuances dans l'amour de Saint Frans;ois: l. Cet amour, en ce qu'il a de plus profond, est dirigé vers la personne de Jésus. 2. Le motif de sa «compassiva dulcedo» envers Jésus s'origine dans la charité excessive qui l'a poussé a souffrir sa pass1on pour nous. 3. Le saint est toujours décrit comme l'ami du Christ, le serviteur du Christ. 4. Dans le mystere des stigmates est exprimé le vrai amour de Saint Frans;ois pour le Christ. 10 Avec Z. Alszeghy nous sommes d'accord en signalant ces quatre nuances comme propres de l'amour de Saint Frans;ois. Elles sont toutes de caractere personnaliste. Mais nous nous éloignons de lui quand il dit que cette expé– rience de Saint Frans;ois differe de celle de Saint Bona– venture, non seulement dans sa formulation, mais aussi dans le mode total de se mettre en relation avec l'object aimé. 11 Tres probablement cette interprétation de Saint Bona- 26/SUPLEMENTOS ANTHROPOS Formas fundamentales del amor ____________ venture est due a l'usage préférentiel, pour ne pas dire exclusif, que fait Alszeghy des sources strictement théolo– giques du docteur. Quand il cherche, surtout, la notion de charité, il paraí't ne tenir compte que du gran Commen– taire des Sentences et des opuscules théologiques comme le Breviloquium et l'Itinéraire. Dans ces oeuvres, Saint Bonaventure apparaí't facilement le critique uniquement préoccupé a décrire et a sentir l'amour en fonction de la· tendance de l'ame au Souverain Bien. Dans cecas triomphe certainement l'amour impersonnel. Et Saint Bonaventure pourrait etre considéré comme partisan de cet amour. 12 Mais le Saint ne s'épuise pas ici. Déja, les commenta– teurs nous ont avertis que dans les opuscules mystiques sa théologie est vivante et vécue. Et il suffirait de lire avec un peu d'attention ces opuscules pour capter l'autre orien– tation de sa conception et de son expérience de l'amour, celle de l'amour personnel. Alszeghy a distingué quatre notes dans l'amour per– sonnel de Saint Frans;ois. La premiere note signale que l'amour de Saint Frans;ois, en ce qu'il a de plus fondamen– tal, est dirigé vers la personne de Jésus. Or, dans les opus– cules mystiques de Saint Bonaventure, on sent une vibration d'amour tres voisine de celle de Saint Frans;ois. Dans une analyse phénoménologique, nous pouvons signaler deux moments importants dans l'interrelation personnelle de l'amour: le moment de la supplique et le moment du dialogue. On ne demande pas a une personne, on ne dialogue, au sens strict, qu'au niveau personnel. Or, Saint Bonaventure tres fréquemment s'adresse en suppliant a Jésus. Avec des expressions affectives renou– velées, il l'incite a répondre a ses désirs. Toute una riche gamme d'épithetes, d'allure affective, jaillissent de sa plume. Depuis le simple et respectueux «O Deus beni– gne» «O Domine Jesu», jusqu'au passionné «O dulcissime Jesu», «O suavissime universorum Domine», «O dulcis– sime et amantissime Puer aeterne». 13 Le sentiment personnaliste de ces expressions acquiert une nouvelle tonalité dans le tres fréquent usage du pro– nom «Tu». Cet usage, dan l'oraison apres la Messe attri– buée a Saint Bonaventure, ressemble a la répétition balbutiante du petit qui parle avec sa mere. Nous savons que cette oraison n'a pas été composée par le saint. Mais sa partie centrale se trouve dans le Soliloquium: Eia, dulcissime Jesu! transfige saluberrimo vulnere amo– ris tui medullas animae meae, ut vere ardeat, langueat et li– quefiat et solo tuo desiderio deficiat, cupiat dissolvi et esse tecum. Te solum semper esuriat, panem vitae caelestis, qui de caelo descendisti. Te sitiat fontem vitae, fontem aeterni luminis, torrentem verae voluptatis; te semper ambiat, te quaerat teque inveniat, in te dulciter requiescat. 14 On ne peut nier a ce passage, intime et affectif, la meme tonalité personnaliste d'amour que vibrait dans l'ame de Saint Frans;ois. La répétition du pronom «Tu» est la meil– leure référence de cet amour personnel. Dans l'autre versant du dialogue, nous avons confir- 97

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