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_____ 11. TEMAS EN TORNO A MI PENSAMIENTO CRISTIANO taines influences historiques. La plus importante peut-etre de ces influences est l'histoire de l'amour pur, qui trouva son apogée dans les luttes doctrinales du XVIIe siecle. Déja le P. Rousselot, au début de ce siecle, rechercha un éclaircissement du probleme. Mais son schéma binai– re, amour physique et amour extatique, nous parah aujourd'hui trop étroit. 1 Il es impossible, a partir de ce schéma, de pouvoir interpréter adéquatement les formes fondamentales de l'amour. Z. Alszeghy chercha a aller plus avant dan son ouvra– ge plein de mérite. Grundformen der Liebe. 2 A la lumie– re de la riche doctrine de Saint Bonaventure sur la charité, il en vint a distinguer quatre formes fondamentales de l'amour. Il dédoubla le schéma binaire, physique-extatique, et le combina avec un autre schéma également binaire, personnel-impersonnel. De la sorte, quatre formes fon– damentales ont surgí: impersonnel physique et imperson– nel extatique, personnel physique et pesonnel extatique. Mais el ne parait pas non plus que cette étude nous donne la clef pour comprendre le probleme de l'amour. On n'a pas tenu compte des découvertes de la phénomenologie, mal– gré certaines références a l'reuvre de Max Scheler; on n'a pas non plus répondu a la thématique suscitée par des oeuvres historiques aussi importantes que l'étude de A. Nygren, Eros und Agape,3 inacceptable a notre avis, com– me vision historique, mais impossible a éviter dans la pro– blématique frappante qu'elle suscite. Nous faisons ces remarques préliminaires pour faire apparaitre la nécessité dans laquelle nous nous trouvons de rechercher de nouveaux chemins vers une réflexion plus múrie. Ces nouveaux chemins pourraient etre les cinq for– mes fondamentales de l'amour que décrit une analyse phé– noménologique exigeante et qui pourraient etre formulées par cinq mots grees plus expressifs. Quatre d'entre elles son des aspects de l'amour personnel: amour-ajfection (stor– ge), amour érotique (eros), amour-amitié (philia), amour chrétien (agape). La cinquieme est la forme propre de l'amour impersonnel. Elle pourrait etre définie comme la tendance de tout etre vers sa propre fin qu'indique le mot grec «orex1s». Ce schéma complique les formes fondamentales de l'amour. Mais il simplifie en meme temps son historie. L'esprit grec était ouvert a quatre de ces formes d'une maniere extraordinaire. Une seule, l'amour-agape est un patrimoine exclusivemente chrétien. Il est beau de sentir comment, dans l'histoire, l'amour chrétien s'entrelace avec les autres amours qui, lorsqu'ils sont légitimes, res;oivent du christianisme leur confirmation et leur sacralisation. Dans cette étude qui veut analyser l'oeuvre de Z. Als– zeghy, nous nous référons seulement au theme de l'amour dans sa double orientation d'amour personnel et imper– sonnel. Nous cherchons a savoir ce qu'a vraiment cons;u et vécu !'ame du Séraphique Docteur. Déja, dans un premier moment, nous rencontrons dans l'ceuvre d'Alszeghy des affirmations contrastantes. Sur le mode catégorique, l'auteur affirme que Saint Bonaventure «nes décrit a peine une parole ou un geste du fondateur 96 Formas fundamentales del amor ____________ stigmatisé de son Ordre sans le faire entrer dans son systeme théologique». Il appuie cette affirmation sur des références a E. Longpré, St. Grünewald et, plus spéciale– ment, a E. Gilson dont il reproduit textuellement les paro– les tres significatives: «Ce que Saint Frans;ois n'avait que sentir et vivre, Saint Bonaventure allait le penser». 4 Ce jugement d'E. Gilson a été répété de nombreuses fois et unanimement accepté. Pour ce motif, nous som– mes étonnés de lire, quelques pages plus loin, une autre affirmation aussi catégorique, dans laquelle Alszeghy affirme qu'il existe une différence notable entre l'inter– pretation de l'amour chez Saint Frans;ois et chez Saint Bonaventure. Il souligne qu'une telle différence n'est pas accessoire, car elle consiste en ceci que l'amour chez Saint Fran<;:ois est un amour personnel (personbetont), tandis que chez Saint Bonaventure, c'est un amour impersonnel (sach– betont).5 La différence, en vérité, n'est pas négligeable si elle existe réellement. Mais, serait'il vrai qu'en une ques– tion aussi profonde et décissive, le fils s'éloigne ainsi de son Pere? La raison qu'allegue l'auteur pour fonder son interpré– tation est qu'en Saint Frarn;:ois, l'amour se dirige vers une personne, dotée d'attributs spéciaux, tandis que l'esprit de Saint Bonaventure se dirige d'abord vers les attributs qui se trouvent dans la personne. Ce raisonnement devient une espece de refrain mental qui va se répétant tout au long de son étude. Pour définir la charité, il souligne qu'elle est un acte de la volonté par lequel l'homme, sous l'influx de la grace, tend vers la perfection divine. 6 Dans un autre passage qui résume de longues pages de réflexion, il dit aussi: «C'est un seul et meme amour que celui dont on aime la perfection divine et les personnes distinctes. Mais la premiere tendance de la charité se dirige ver la perfection et la dignité, comme telles, tandis que la ten– dance secondaire attient celui en qui résident la perfec– tion et la dignité». 7 En ce sens, il conclut dans la meme page avec cette phrase qui synthétise son interprétation du Docteur Séraphique: «Die Caritas ist eine sachbetone Liebe». Jusque dans le ciel bonaventurien prévaut l'amour impersonnel. Les saints dans la gloire ne dirigent pas leur acte d'amour d'abord vers les personnes divines, mais par un mouvement d'amour extatique, ils se réjouissent dans le Souverain Bien qu'ils ont devant eux. 8 En ce sens, dans le moment ou se réalise la plénitud de la vertu de cha– rité, cette vertu signifie avant tout !'estime souveraine et la valorisation du Souverain Bien. Cette interprétation de l'amour chez Saint Bonaven– ture est d'autant plus étonnante qu'elle s'oppose a celle de Saint Thomas. Pour Alszeghy, le docteur dominicain se meut toujours sur les rails de l'amour personnel. 9 Ceci est dú a ce que Saint Thomas, dans sa doctrine de la cha– rité, réfléchit a l'intérieur de la doctrine aristotélicienne de l'amitié. Saint Bonaventure, au contraire, raisonne a partir de la conception platonicienne de l'amour extatique. Il est évident que si l'amour est interpreté a partir de l'amitié, comme il n'y a pas d'amitié sans relation per- SUPLEMENTOS ANTHROPOS/26
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