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_____ 11. TEMAS EN TORNO A MI PENSAMIENTO CRISTIANO dire que si !'esprit de Saint Bonaventure ne se polarise pas exclusivement autour de l'amour impersonnel, l'expé– rience amoureuse de Saint Frarn;:ois est tres souvent diri– gée vers les attributs divins et acquiert de ce fait une tres nette nuance impersonnelle. 11 suffit de lire les tables analy– tiques du P. Willibrord au mot «Bonum», pour en pren– dre conscience. Pour notre part, nous recourons, selon notre méthode, a l'un des principaux textes. Il se trouve dans la priere que le saint récitait avant et apres l'office divin et qu'il a composée lui-meme pour son usage. Voici comment parlait Saint Frarn;:ois au Pere céleste: Omnipotens, sanctissime, altissime et summe Deus. Sum– mum Bonum, omne Bonum, totum Bonum qui solus est bonus, tibi reddamus omnem laudem. 21 Malgré que Saint Franc;:ois manquait de culture théo– logique, ne trouve-t-on pas, dans cette priere, quelque chose que Z. Alszeghy croyait la propre conception de Saint Bonaventure sur le Souverain Bien? Nous croyons que oui. Mais les cheminements spirituels sont certaine– ment distincts entre l'un et l'autre; motivés en premier lieu par la formation doctrinale différente. Passage facile de /'expérience de /'amour personnel a l'amour impersonnel Les diverses formes de l'amour, quand il est ordonné, ne sont pas incompatibles. Au sujet de l'amour personnel et impersonnel, nous devons dire que tant chez Saint Fran– c;:ois que chez Saint Bonaventure, le passage est tres facile de l'un a l'autre. Dans la priere de Saint Franc;:ois que nous avons citée, on peut remarquer ce passage. En elle se con– jugue la tendance vers l'attribut impersonnel, Summum Bonum, ave le Tu, qui est le propre de tout dialogue et de toute communication personnelle. Si le Bien rec;:oit trois épithetes distinctes, summum, omne, totum, le Tu est comme un refrain familier, six fois consécutives dans la meme priere. Une analyse phénoménologique de l'amour que nous percevons tous les jours nous fait découvrir n'importe ou la facilité de ce passage dans les relations personnelles inti– mes. Il n'y a pas une mere qui n'ait appelé son enfant, dans ses moments de tendre bonheur: «Mon ciel», «Mon bonheur», «Mon soleil». Cela veut dire qu'il y a dans l'amour personnel tendre, comme celui de la mere pour son enfant, une tendance a absolutiser l'objet de l'amour. Dela, ces expresions impersonnelles appliquées a l'objet de l'amour. Or, cette absolutisation, en pureté de concepts, est tou– jours fausse par rapport a une créature. Mais elle est toujours vérité par rapport a Dieu. Dieu est, de fait, l'absolu en tout ordre de l'etre. De la,il est facile d'évoquer 26/SUPLEMENTOS ANTHROPOS Formas fundamentales del amor ____________ l'absolu dans des moments de vive communion avec luí. Il est facile de justifier intellectuellement un tel langage. Ayant maintenant les yeux bien ouverts pour comprendre que le Tu divin est en meme temps la Vérité, la Bonté et la Beuaté absolues, pourquoi ne pas passer librement du monde de l'absolu au monde du personnel et vice versa? Nous croyons que Saint Bonaventure est un modele du genre. 11 faut avoir une vision totale de sa conception de l'amour si nous ne voulons pas fausser radicaleinent sa pensée. Un des passages dans lequel le saint montre a l'évidence ce passage vient prouver nos dires. Nous le trou– vons dans le Lignum vitae. Dans la fondaison mystique de cet arbre de vie, on respire le plus pur et saint amour personnel. Mais el semble qu'a certains moments le doc– teur de l'école recouvre le mystique et se meta raisonner dans une froide rigueur métaphysique et théologique. La fin de toutes choses, écrit-il, est la béatitude, comme la définit Boece: «Status omnium bonorum congregatione perfectus». Personne ne parvient a la félicité sino par l'union avec celui qui est la source et !'origine de tous les biens. Cette source est Dieu, qui dit de lui-meme: «Je sui l'Alpha et !'Omega, le príncipe et la fin». En effet, de meme que par le Verbe éternellement dit sont produites toutes les choses, de meme par le Verbe incarné elles sont réparées, rectifiées et achevées. 22 Jusqu'ici, Saint Bonaventure raisonne comme un métaphysicien et comme théologien. 11 précise des con– cepts et donne une vision intellectuelle de la marche du cosmos régénéré. Mais il continue en débordant dans le lyrisme d'un amour personnel: In Te igitur ut ·finem omnium credens, sperans et amans ex toto corde, ex tota mente, ex tota anima, ex omni virtute ferar, desiderate J esu, quia tu solus efficies, tu solus salvas, tu solus bonus et suavis es te requirentibus et diligentibus nomen ti,mm. Tu enim, mi bone Jesu, redemptor es perdito– rum, salvator redemptorum, spes exulum, laborantium for– titudo, anxiatorum spirituum dulce solatium, triumphantium corona... de cujus plenitudine nos omnes suscepimus. 23 Nous remarquons, dans l'analyse phénoménologique de l'amour maternel, une tendance a absolutiser l'objet de son enfant. Nous voyons dans les paroles du saint quelque chose de cette affectivité naturelle. Mais ici le sen– timent ne déborde pas jusqu'au disparate. L'amour per– sonnel de Saint Bonaventure pour Jésus s'épanche dans des formules d'un rigueur théologique vivifiée ave cha– leur. Notre docteur saint unir l'amour personnel et l'amour impersonnel. Aucun passage non motivé. Du sein meme de l'amour personnel jaillissent les épithetes abso– lues a la divinité qui ne peuvent ni ne doivent jamais etre séparées ni opposées a la personne divine qui les pórte. Faire le contraire serait ne ríen entendre a l'ame du Doc– teur séraphique. 99
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