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_____ 11. TEMAS EN TORNO A MI PENSAMIENTO CRISTIANO mation de cette interprétation personnaliste de l'amour en Saint Bonaventure. Aujourd'hui, le dialogue et la méthode dialogale se trouvent a la mode. Au moyen-age, le dialogue se nommait «colloque». Ce qui est la m&me chose. On a simplement changé un terme latin pour un terme grec. Le colloque de l' ame avec Dieu a tenu une place préférentielle dans la mystique chrétienne. De nos jours, les maí'tres des novices le recommandent comme une des parties fondamentales de l'oraison mentale. Saint Bonaventure est un des maí'tres du colloque de l'ame avec Dieu. Avec cette particularité digne d'&tre notée qu'il s'éleve au colloque avec Dieu en partant du solilo– que de l'ame avec l'homme intérieur, qui remplit la fonc– tion de maí'tre. En ce sens, l'opuscule mystique, le Soliloquium, est un exemple littéraire de ce que nous appelons aujourd'hui dialogue. Nous y rencontrons des passages dans lesquels ce n'est pas seulement l'homme que se dirige vers Dieu, mais Dieu lui-m&me qui se penche vers l'homme. Citons l'un des plus remarquables: Revertere ad me, quia ego sum creator tuus: revertere, quia ego sum redemptor tuus: revertere, quia ego sum consolator tuus; et si haec modica videntur, revertere ultimo, quia ego sum tam liberalis remunerator tuus. Revertere, ego sum, qui te tam misericorditer per mortem meam amarissima de morte aeterna liberavi. Revertere ad me, ego sum qui te bonis spi– ritualibus et corporalibus tam multipliciter dilatavi. Rever– tere ultimo ad me, o anima, ego sum, qui te iam per praeparatam felicitatem tam liberaliter remuneravi. 15 Je et tu est le titre de l'oeuvre fondamentale du pen– seur juif, M. Buber, le philosophe du dialogue. 16 Et, cependant, dans ce beau livre nous n'avons pas rencontré de passages aussi pleins de la vibration du dialogue que celui de Saint Bonaventure. Le saint éprouvait si intimement ce sentiment du dia– logue que m&me dans un tres court opuscule dans lequel il résume quelques regles méthodologiques pour vivre en bon religieux, on trouve ce commentaire a la douce invi– tation que fait Jésus d'aller a lui: Venite ad me omnes, inquit, qui laboratis et onerati estis, et ego reficiam vos. O Domine, quo indiges? Quare vocas? Quid tibie commune nobiscum? O vere pietatis vox: Venite ad me, inquit, et ego reficiam vos. O Dei nostri dignatio admirabilis, o caritas ineffabilis. Quis enim aliquando fecit talia? Quis unquam audivit, quisve conspexit similiar? Ecce, invitat inimicos, hortatur reos, allicit ingratos. Venite, inquit, et discite a me, tollite jugum meum... O verba dulcissima, o verba suavissima, o verba deifica et penetrabiliora omni gladio ancipiti, intima praecordium eviscerantia nimiaque repleta dulcedine. 17 Seule une ame vibrante d'amour personnel envers Dieu comme celle de Saint Bonaventure, a pu commenter dans un mode aussi chaleureux et aussi humain l'appel de Jésus dans un opuscule méthodologique. Nous croyons ainsi suffisament prouvée la premiere note donnée a l'amour 98 Formas fundamentales del amor _____________ de Saint Frarn;:ois et que nous trouvons chez Saint Bona– venture. La seconde note que propose Z. Alszeghy comme dis– tinctive de l'amour de Saint Frans;ois consiste en ce que le motif de sa «compassiva dulcedo» envers Jésus s'origine dans la charité excessive qu'il a montrée en souffrant sa passion pour nous. Nous trouvons ce motif également en Saint Bonaventure. Ce theme est l'arriere-fond de cer– tains opuscles des plus dévots: le Lignum vitae, le De quin– que festivitatibus Pueri Jesu, la Vitis mystica, etc. On retrouve en tous un sens personnaliste dans l'amour si chaud de Saint Bonaventure pour le Christ. Citons, entre autres, le passage suivant: Quid vero magis incitat hominem ad diligendum Deum, quam benignitas, qua pro nobis Filius Dei altissimi absque meritis, immo cum multis nostris demeritis, posuit animam suam? Hoc tantae benignitatis est, ut nihil clementius, nihil benignius, nihil amicabilius cogitari possit. Haec benignitas tanto ostenditur major, quanto pro nobis graviora et abjec– tiora sustinuit ve! pati voluit. Deus, enim, qui proprio Filio suo non pepercit, sed pro nobis omnibus tradidit illum, quo– modo non cum illo omnia nobis donavit? Ex quo invita– mur ad ipsum amandum et amatum imitandum. 18 Ce texte répete en un style doctrinal et littéraire ce que Saint Frans;ois exprimait dévotement dans son oraison devant Jésus crucifié. La troisieme note nous dit que Saint Frans;ois est tou– jours décrit comme «amicus Christi», «servus Christi». On pourrait certainement multiplier le nombre de ces appellations qui indiquent les relations interpersonnelles entre Saint Frans;ois et le Christ. Nous pouvons affirmer la m&me chose de Saint Bona– venture. Dans le De triplici via, opuscule mystique d'une grande rigueur théologique, le Saint Docteur dit que le Pere nous a donné son Fils divin, comme un frere et un ami, et qu'il fait de notre ame une «amie», une «fille», une «épouse». 19 Tous ces noms évoquent la communica– tion interpersonnelle la plus pure. La quatrieme note nous indique enfin, que les stigma– tes du bienheureux Frans;ois sont le témoignage de son amour sincere pour le Christ. Saint Bonaventure, a son tour, voit dans l'attachement a la passion du Christ et dans l'union intime avec Jésus, qui est l'effet de l'eucharistie, les chemins par lesquels l'ame rend évident son amour personnel pour Jésus. 20 Ce bilan nous permet d'affirmer sans le moindre doute qu'interpréter Saint Bonaventure comme un penseur cher– chant l'amour de Dieu a partir des attributes divins et ceci, dans un mode de préférence impersonnel, est minimiser les immenses richesses de cette ame. Saint Bonaventure pensait comme un docteur et aimait comme aimait son séraphique Pere. Sur l'amour impersonnel chez Saint Bonaventure, il y a peu a ajouter aux analyses qu'en a faites Z. Alszeghy. Mais il y a tout a dire sur les sources utilisées par le saint. Nous en parlerons plus loin. Pour le moment, il reste a SUPLEMENTOS ANTHROPOS/26
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