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A.RNAULn OlRENART. 463 lescenct•, elle t!t.ait lit pum· me donner le Uras et pour m'cmp(:chel' dd Lomber.... Assise a mes piccls, elle modérait mes exces, ap;iisait. mes colCres. TanLót elle cnfklmmait mon COOLU' LiMe pour les choses qui <lemandent. de l'amour, t.ant6t ello le ralfet'missait 11nns le chemin cln clevoir. ~ N'y aurait-il poiut ici une réminiscence de la cinquiCme élégie du livrc f"' de Tibullc ~ llle Pgo, curn trisli morbo clefe;;sa jacere:;, Te tlicol' votis c>oripui:>&e meis, etc. u Tlenonl{<'lDL a toutcs mes occupations, m'arrivait-il, o Muses, ele songer :'l laboUl'er dans vos plaines dé1'ertes '/ Elle corrigeniL mes fa u tes, elle faisait ce que j'aurnis dU fui re, prcnait la charrue, cxci– t.ait les bruurs, semait, fnuchaiL la moisson, faisait tout le travail imaginahle, comrne si elle n'ciit pos rt(J fillc de gentilhomme, comme si elle ct"lt dépotüllé son existence de fenune pour premlre celle cl'un jeune ouvrier. ~ Elle n'est pas mortc de vieillcsse; elle s'est útcinle, conlre son gré, de fatigue et de consomption, semlilahle aux giroflées qui, dans un jardin incultc, se llétrisseut e~ meurent quand elles ne sonLpoint arrosécs au milieu des fortes cha\eurs de l'élé. ~ Si elle ei'tt cu pour médecin le dieu dont vous etes les nymplies et quevous appelez f>Mbus, si ce dien l'm)t auscullée, touchée de ses rnains, oh! certainernent clic aurait recouvré la santé; mai;; vous ne l'aw~z pas prié tle la guérir, ou, si vous l'avcz fait, il ne s'est pas souvenu de vol.re priCre, ou bien peu lui importait la \ 1 ie ou la mo1·t de Joana. ~ Eh bien, puisque vous faites si peu de cas de moi, clti.s ce moment je renonce a votre ·service. Qun personnedésormais (je n'ai plus envie de ve1·slfier) ne \'ienne me <lemancler des vers ou des chunsons, qu'on ne me demande que des pleurs ou des lament.ations; rnon unique tlésir ei;t d'aller rejoindre ma Joana, dans Ja fosse d1.1 cimetiCre, dans l'air ou tlans le ciel, au lieu de son séjour. 11 Iudépenrlamme11t du sentüncnt dont ces vers sont pleins, ils réve!ent une circonst.ance intéressaute de la vie d'Oihenart : c'est que, non contentde fo.ire des vcrs pour lui, il en composait encore pour ceux qui venaicnt lui en demande!'. 11 est Uprésumer que les élégies VII etVIII clont nous parlions tout a l'hcure, ontété écrites pour les fcmmes qu'il y fait parler. Ai-je dit que la plainte contre les Muses était une helle chose?

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